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DIMANCHE DE SAINT THOMAS

Dimanche 15 avril 2007

Chers frères et soeurs en Christ.

Le Christ est ressuscité ! En vérité Il est ressuscité !

Il y a exactement huit jours que nous avons célébré la Pâque de notre salut. Ce chiffre huit est hautement symbolique de la plénitude, et du dépassement du temps dans le Royaume de Dieu. Tout le temps et tout l'espace se concentrent dans cette unique journée de Pâques qui est au cœur de l'histoire humaine et au cœur de la vie de l'Église. Chaque année, quand nous célébrons la Pâque, c'est à nouveau le rassemblement de tous les temps et de tous les lieux qui s’opèrent Iiturgiquement, mystérieusement dans l'Église et dans nos cœurs.

Dès lors que le Seigneur est ressuscité, on pourrait dire qu'il n'y a plus rien d'autre à attendre. Pourtant, si ! Il y a à attendre l'Esprit Saint. cc Je suis venu jeter le feu sur la terre, et combien je désire qu'il soit déjà allumé».  « Il vaut mieux pour vous que je m'en aille, car si je m'en vais je vous enverrai l'Esprit Saint» 1. Il y a huit jours donc que nous avons célébré la Pâque. L'Église orthodoxe fait des huit jours qui unissent Pâques au dimanche de Thomas - aussi appelé « antipâque », c'est-à-dire l'autre pâque - un tout, une plénitude. Les portes royales demeurent ouvertes, nous chantons « Le Christ est ressuscité » du matin au soir et du soir au matin. De sorte que nous vivons cette semaine entière comme un seul jour de Pâque.

Le Seigneur est apparu à ses disciples le premier jour de la semaine, c'est-à-dire le lendemain du sabbat, ce que nous appelons le dimanche et Il leur a communiqué l'Esprit Saint. C'est très mystérieux, cette communication de l'Esprit la jour même de la Résurrection. On pourrait dire que, dans l'optique de Jean, qui surpasse les limitations du temps et de l'espace, puisque le Seigneur est ressuscité, plus rien désormais ne peut empêcher l'Esprit Saint de venir. Il le donne, il est vrai, à ses seuls disciples, toutes portes fermées. Cette insufflation rappelle la première insufflation, lorsque Dieu souffla sur la forme inanimée de l'homme pour lui communiquer la vie et le souffle de son Esprit. Or Thomas, ce jour-là, était absent et il avait dit à ses frères qu'II ne croirait pas tant qu'il ne verrait pas le Christ ressuscité. Et le Christ revint, huit jours plus tard, alors que les Onze étaient là tous ensemble. Jésus, dans son infinie miséricorde, pour le rétablir dans la plénitude des grâces de la Résurrection, lui ordonna de toucher de sa main ses plaies lumineuses de crucifié. Rappelons que dans l'Évangile de Luc, ce n'est pas seulement Thomas qui est incroyant, mais tous les disciples et que c'est à eux tous que Jésus reproche leur incrédulité: « Voyez mes mains et mes pieds. Un esprit n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'en ai. Avez-vous quelque chose à manger?» Par conséquent, cette demande de Thomas aujourd'hui est un aspect particulier de l'enseignement donné aux disciples par Jésus, car tous n'avaient pas encore été stabilisés dans la foi.

Pourtant, Thomas témoigne et confesse : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Cette confession de Thomas résonne dans l'Église entière jusqu'à aujourd'hui. Nous aussi nous avons nos moments, sinon d'incroyance, tout du moins d'incertitude, de doute, d'oubli. La Résurrection est tellement lointaine, appartient à un passé tellement révolu, nous vivons dans un monde tellement plein de haine, de guerre, de méchanceté! Pouvons-nous dire du fond du cœur que le Christ est ressuscité? N'y a-t-il pas une contradiction entre le monde de guerre et de violence qui nous entoure et la proclamation: « le Christ est ressuscité! » Pourtant, nous devons, du fond de nous-mêmes, le crier, le proclamer, et, s'il le faut, briser notre propre incroyance en confessant le Seigneur ressuscité.

Ce n'est pas tout. Après cette octave de huit jours, il y a l'octave des huit semaines, ou plutôt des sept semaines plus un jour, qui nous mène à la Pentecôte. Selon le Livre des Actes, la Pentecôte est l'événement fondateur de l'Église, lorsque Jésus accomplit ce pour quoi Il est remonté vers le Père. « Il vaut mieux pour vous que je m'en aille. Si je m'en vais, je vous enverrai l'Esprit Saint.» Jésus nous promet l'Esprit Saint. C'est pourquoi les apôtres s'en retournent avec joie à Jérusalem, après l'Ascension. Le Christ s'est éloigné, mais ils savent que ce départ est porteur de la promesse de l'Esprit Saint et que dans l'Esprit Saint Jésus sera plus présent que jamais. Maintenant, dans cette octave de la Résurrection, nous sommes entre la joie de la Résurrection et l'attente impatiente aussi bien que confiante en la venue de l'Esprit. Bien sûr que l'Esprit Saint est là, dès maintenant. S'il n'était là, l'Église s'effondrerait immédiatement. Pourtant, nous l'attendons, nous l'annonçons et nous nous préparons à sa venue.

Il y a plus encore que cela: ce n'est pas seulement la cinquantaine pascale, mais l'année tout entière qui est embrassée dans ce mystère de Pâque-Pentecôte. Et plus que l'année entière, c'est l'histoire entière de l'humanité qui est embrassée. Dans son premier discours, saint Pierre rappelle la prophétie de Joël: « Je répandrai mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront. » Saint Pierre n'ajoute qu'un mot, « dans les derniers temps ». Nous sommes ainsi placés dans cette réalité, dans cet espace temporel unique de la Résurrection-Pentecôte qui ne font qu'un, parce que le Christ et l'Esprit ne font qu'un. L'Esprit est dans le Christ et le Christ est dans l'Esprit. Lorsque nous sommes tournés vers le Christ, nous recevons l'Esprit et lorsque nous invoquons l'Esprit, nous nous unissons au Christ. Et par le Christ nous nous unissons au Père, par cette prière que l'Esprit gémit lui-même au-dedans de nous: « Abba, Père! ».

Par conséquent, l'évangile d'aujourd'hui englobe toute l'histoire humaine. Cette universalité spatiale et temporelle est confirmée par la réponse du Christ après la confession de Thomas: « Parce que tu as vu, tu crois. Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu».

Cette parole s'adresse à nous, à toutes les générations chrétiennes qui reçoivent et transmettent de cœur à cœur, de bouche à oreille, d'âge en âge et jusqu'à la fin des temps, le message de la Résurrection et de la Parole vivante, le Christ Lui-même ressuscité. Nous le recevons et nous le transmettons plus loin.
Au début nous le recevons comme un enfant reçoit de son père ce que ses pères ont eux-mêmes reçu. Puis nous grandissons et nous transmettons cette vie nouvelle. C'est cela l'unique raison d'être de l'Église. Ce n'est pas d'accumuler une puissance terrestre, ce n'est pas d'affirmer sa situation ou d'entrer dans des compromis, mais c'est d'annoncer envers et contre tout ce qui pour le monde est encore folie, la Résurrection du Christ.

Le Christ est ressuscité!
Archiprêtre Michel  Seliniotakis

Tag(s) : #Culte Orthodoxe - Ορθόδοξη Λειτουργία
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